Avec : Aurélien
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Week-end : Pente Raide Ecrins
Jeudi 13 avril, dans l’après-midi, via MSN depuis Grenoble, on décide avec Aurélien de se faire une course de ski de randonnée, le lendemain à la journée. Aucun objectif n’est vraiment fixé, à part le massif de Belledonne proche de chez nous avec en vue « le tour du grand Moretan » ou une descente mythique cotée 5.2 de la « pointe des Grandes Lanches ». Chacun de son côté on mate les sorties du jour rentrées sur Internet dans ce massif et « bah c’est pas brillant….. ». La nivologie est très moyenne : des coulées un peu de partout au-dessus de 2200m à cause du vent et de la neige tombée récemment. Conclusion, je dis à Aurélien : « décide de ce que l’on fait ! Je te rappelle ce soir. »
Le soir arrive, je suis de retour sur Chambé, je décide d’une soirée ciné avec ma cousine « La doublure » et envoie donc un mail à Aurélien pour lui dire que je ne serai pas joignable avant 22h30.
De retour chez moi à 22h00, je vois un mot de ma mère, qui vient de se coucher, m’indiquant qu’Aurélien a essayé de me contacter vers 21h30. J’allume mon portable, pareil, il a essayé de me contacter dans la soirée. Là, je me dis « merde, ça sert à quoi Internet et le mail ! ». Je saurai le lendemain que son mail ne fonctionnait pas et qu’il s’était inquiété pour moi ayant peur que j’aie eu un accident entre Grenoble et Chambéry. Je l’appelle alors :
Aurélien : « 2 jours dans le massif des Ecrins, ça te dit ? Les conditions ont l’air meilleures que dans Belledonne. On dormirait au refuge de la Lavey. Couloir Maximin en vue ou alors le couloir en S aux Rouies »
Moi : « ok ça marche on part vers midi pour faire l’approche du refuge ? »
Aurélien : « non moi j’avais prévu de faire 2 courses, dont un départ demain matin très tôt ! »
Moi : « ça me va, départ quelle heure ? »
Aurélien : « en étant au sommet vers 12h00, sachant que l’on a 1900m de dénivelé à se taper, il faut compter un départ du parking de Champhorent (près de la Bérarde) vers 6h00 donc départ de Chambéry à 4h00»
Moi : « ok ça roule, on prend ta voiture, je n’ai plus d’essence dans la mienne et ma carte bleue ne marche plus, je ne pourrai pas faire un plein à 3h45 du matin !
Aurélien : « pas d’essence non plus, mais de quoi faire un plein. Tu prends la bouffe pour le soir et moi le réchaud ? »
Aurélien : « j’appelle le gardien pour réserver la nuit ? »
Moi : « tu as vu l’heure ! »
Aurélien : « ah oui effectivement, il est déjà tard… »
Moi ouvrant les placards à nourriture de ma mère : « Je viens de voir qu’il y avait de quoi faire un repas pour le soir, à demain 4h00 chez toi, j’appelle Rémi pour lui dire que l’on part finalement 2 jours si jamais il veut nous rejoindre le vendredi soir »
Après avoir appelé Rémi, je prépare mon matos et remplis un sac de bouffe : « 250g de pâtes, de la soupe aux bolets, 4 saucisses, 4 tranches de jambon, du fromage, du pain, un énorme brownie au chocolat, de la crème de marron en tube et quelques barres de céréales ». Je tiens à préciser que ce sac de bouffe sera laissé au refuge durant notre course ! Il n’y a que 400m de dénivelé depuis la parking pour le Refuge, on ne va pas se priver…
Je mets le réveil pour 3h30 du matin, il est 22h45, je n’ai pas sommeil, je vais me mater la TV jusqu'à 0h00, et n’arriverais pas à m’endormir avant 1h30 du matin…
2h00 plus tard le réveil sonne, je saute dans mon pantalon d’alpi, je remplis ma voiture, déjeune et pars direction Saint Alban par le col de Saint Saturnin, rejoindre Aurélien tout ça en 30 minutes avec certes quelques excès de vitesse en montant au col…
On prend sa caisse, il fait le plein d’essence, et nous voila partis de nuit en direction des Ecrins.
Sur le trajet, je fais peur à Aurélien en lui demandant de s’arrêter pour que je vérifie que j’ai bien pris mon Arva. Et en moins d’ 1h40 nous sommes à Champhorent ! J’ai pu dormir durant le voyage malgré quelques virages sur la route de la Bérarde négociés à vive allure…et en doublant d’autres alpinistes « lève tôt ».
Il est 6h00, nous partons skis sur le sac, frontale allumée, et baskets au pied pour Aurélien rejoindre le Refuge de la Lavey. Un peu de marche en chaussures de ski pour moi, il faut d’abord descendre 150m, puis remonter 400m pour atteindre le Refuge. Nous y sommes vers 7h45. On dépose la bouffe et autres ustensiles inutiles pour la journée, on se pose un quart d’heure et on prend la direction du « couloir Maximin » que l’ont peut apercevoir depuis le Refuge : « il est à portée de main celui là… ». Le regel nocturne est bon, même trop bon, et nous progressons tranquillement vers les séracs porte d’entrée de ce magnifique « couloir Maximin ».
Je décide de mettre mes crampons un peu plus haut que ceux-ci, car j’ai glissé à quelques reprises avec mes skis et ne cherche pas à faire d’exploit en peaux de phoques ! Aurélien est un peu derrière moi, et je commence à faire la trace à pied. C’est long, épuisant, on se relaie souvent, et dans la portion à 50° ce n’est pas franchement en condition pour le ski à la descente. Mais bon on est quand même motivés pour faire l’ascension. On peut observer en face des skieurs partis le matin du refuge pour la « Tête des Fétoules ». On arrive au sommet du couloir à 3230m vers 12h30. Je suis un peu épuisé par l’ascension, ça fait quand même 6h30 que l’on est parti.
On souhaitait faire une bonne pause au sommet pour attendre que la neige se transforme enfin dans le couloir, mais il y a du vent au sommet et il ne fait pas très chaud. On reste un trentaine de minutes, moi à comater (je suis dans un drôle d’état après chaque effort en altitude et avant une descente un peu engagée) et Aurélien en train de me commenter l’ascension de la « Tête des Fétoules par l’arête Ouest ». Je lui dirais plus tard que je n’avais pas vraiment écouté ce qu’il me racontait durant ce moment là. C’est moi qui décide de « s’arracher » de là car je sens que je vais m’endormir…On chausse les skis et c’est parti. Les pentes sommitales sont inclinées à 45°, c’est tranquille, il y a un bon grip sur cette neige tassée et non transformée. On arrive alors à la parties à 50° sur 100m, là ça envoie du gros ! Concentration dans les virages et c’est la coche ! Neige transformée jusqu’au refuge que l’on rejoint vers 14h00, après avoir croisé un groupe qui montait faire une petite sortie au-dessus de celui-ci.
On fait sécher nos affaires dehors près du refuge et allons nous coucher à l’intérieur dans un dortoir. A 16h00, on émerge, et là nous ne sommes plus tous seul…Deux groupes de 5/6 personnes et un couple se sont installés au soleil à l’extérieur du Refuge. On mange car jusqu’à maintenant à part deux barres de céréales je n’ai pas mangé grand-chose et on lit tous les magazines de montagnes se trouvant dans le Refuge en attendant le dîner. Il est 19h30 quand nous préparons notre festin pendant que la quinzaine d’autres personnes s’offrent la demi-pension (couscous, tarte au dessert) préparée par la gardienne montée vers 18h00 pour garder le Refuge ce week-end avec son mari et ses enfants. Au moment du dessert, elle nous dépose gentiment un petit bol d’œuf de pâques au chocolat ! Il est 21h15 quand tout ce petit monde décide d’aller se coucher. On prend possession du dortoir « la belle étoile » pour les personnes souhaitant se lever à 5h00 du matin, car nous avons décidé avec Aurélien (où plutôt j’ai insisté) de faire la « Tête des Fétoules » par la voie normale avec un couloir final menant juste sous le sommet à 45° sur 100m. Aurélien était chaud pour faire le « couloir en S aux Rouies » mais je lui ai exprimé mon désaccord car j’en avais un peu bavé à la montée ce jour avec les skis sur le dos et souhaitais faire une course classique (skis aux pieds) pour le lendemain d’une course comme le « Maximin ». Je me mets à l’aise (caleçon & tee-shirt) pour dormir sous les deux couvertures autorisées par personne.
Et là je pense à mon portable qui va sonner demain à 3h30 et qui se trouve dans mon sac en bas près du gardien, de la gardienne et des ses enfant ! J’en fais part à Aurélien qui se marre en me voyant sortir du dortoir et descendre en caleçon éteindre ce putain de portable…J’essaye de ne pas me faire repérer, j’allume le dit portable, m’aperçois que j’avais en fait eu la bonne idée de désactiver le réveil ce matin, range mon sac et commence à remonter en ouvrant la porte donnant sur l’escalier…et là rodage en règle par un enfant des gardiens qui sort de leur coin privé pour ranger un truc dans la cage d’escalier en me disant : « attends ne ferme pas la porte ! ». Je retourne me coucher, Aurélien me demandant bien sûr si je m’étais fait rodé… On dort bien après une course comme celle-ci malgré les ronflements de certains spécimens.
Levés à 5h00, on prépare notre petit dej, je paye les deux nuitées CAF, et on finit de torcher ce fameux brownie en enviant tout de même les autres personnes : « putain ils ont du jus d’orange au petit dej », un peu blasés, mais bon, un jour on pourra se permettre d’être royalement servis…
Départ à 6h00, pour la « Tête des Fétoules », on cherche un peu notre chemin au départ à la frontale mais tout va bien, on monte à un bon rythme. Le temps se gâte rapidement, on pose quelques affaires près d’un rocher pour s’alléger (on ne repasse pas par le refuge à la descente donc nous avions tout pris), et on continue l’ascension. Premier pépin pour moi l’attache de ma peau de phoque à l’avant décide de me lâcher et dévale la pente, je la récupère, la recolle grâce aux scotch double face d’ Aurélien et on repart. Il commence alors à neiger, il y a du vent, c’est le but après 1000m de dénivelé parcouru… On chausse les skis vers 9h00, deuxième pépin : ma fixe « dynafit » est de nouveau cassée ! Mais bon je peux encore descendre, c’est juste dans les virages de type sautés que celle-ci me lâche. Aurélien me demande alors quand eut lieu le premier accident avec cette fixation. Réponse de ma part : « juste dans mon premier couloir en 5.1 à la « Tête de Bossetan ! Elle sautait à chaque virage sauté avant de se réenclencher ».
On débute alors la descente dans une neige dure, on rejoint de justesse l’emplacement où nous avions laissé nos quelques affaires et continuons cette descente un peu « aventure ». Et oui car plutôt que de repasser par le refuge nous avons choisi une descente directe vers Champhorent ! Un peu galère mais nous revoilà enfin au chemin emprunté la veille pour atteindre le Refuge. On met les skis sur le dos et descendons sur le chemin désormais un peu sec pour skier. On passe le pont en pierre après les quelques photos d’usage sur celui-ci et remontons les 150m vers le parking sous une pluie fine. On arrive à la voiture à 11h00 juste au moment où une averse vient de s’abattre sur les Ecrins.
On prend la route direction Chambéry avec une belle coche tout de même ! On mettra 1h00 de plus qu’à l’aller. Du fait du mauvais temps sur la région, tous les touristes rentraient chez eux, un énorme bouchon à Bourg d’Oisans mais bien géré par Aurélien grâce à quelques raccourcis…
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